C’est là qu’avaient grandi tant de gloires passées,
Dans l’ivresse, la honte et les fausses pensées ;
C’est là que s’agitaient au milieu des combats,
Tant d’esprits inclinés vers les choses d’en bas,
— Pauvres déshérités que la richesse obère.
« Au choc de mon bâton les murailles tombèrent
Et le sombre donjon roula dans le ravin.
Je franchis, emporté par un débord divin,
Les fossés nivelés sous l’amas de décombres
Et je criai : « Vous qui souffrez, sortez de l’ombre,
Où les excès de votre orgueil vous ont scellés.
Vos gardiens sont morts et vos murs ont croulé
Au seul bruit de mes pas sur ces pierres maudites.
Vos cœurs fiévreux ont soif d’amour, de pitié, dites
Le mot qui pend à votre bouche, osez crier,
— Quoique affaiblis du poids de votre bouclier
Et serrés dans les fils d’acier de vos cuirasses,
Sous le dôme étoile qui reflète la trace
De votre pureté première, et qui brilla,
Alors que vous étiez encore par delà
L’espace indivisible et le temps homogène,
— Osez crier l’espoir dont vos âmes sont pleines,
Et les secrets désirs où tremble votre émoi.