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« Avec le glaive étincelant du séraphin,
Cloué d’or, dans ta dextre irradiée, afin
D’exterminer l’ambition des faux prophètes,
Et les retranchements des lâchetés secrètes.


« Entends-moi, sagittaire aux poignets endurcis,
Je suis la voix de l’âme et je te dis ceci :
L’aube naît, le printemps chante, les temps sont proches
Où tu verras bondir d’amour les vieilles roches,
Ainsi que des béliers à l’ombre du bercail ;
Les soleils flamberont et la terre en travail
Bénira ton passage et fleurira ta course ;
Les fleuves, étonnés, s’enfuiront vers leur source ;
Les morts, depuis longtemps drapés dans leur trépas,
Se dresseront au bruit glorieux de tes pas ;
Les vivants marqueront leur front dans la poussière.


« C’est pourquoi, laisse là ta dépouille grossière ;
Revêts l’habit de lin de tes frères en Dieu ;
Qu’il cache ton orgueil et qu’il blanchisse un peu
Sous son éclat divin, ta souillure animale.
Vois ta personne, vois ta grâce baptismale.