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Des apôtres du lendemain, qui sont vêtus
De lumière et d’amour, et qui viennent étendre,
Le long du gouffre sombre et de l’affreux méandre,
De la vie, un vélum irradié d’azur.


« L’orage est le clairon des triomphes futurs,
Et le Malheur, le char qui traîne au Capitole
Le vainqueur de son Moi nimbé d’une auréole,
Phare de ralliement aux mondes ballottés ;
Cependant que la foule, assemblée aux côtés
Des sept chevaux cabrant leur fougue ruisselante,
Fait lever sous ses pas la poussière brûlante
Que le vent coupe au loin en lanières de fouet.


« Hélas ! j’ai consommé le lin de mon rouet
À filer des linceuls à mes filles tuées
Par l’orgueil monstrueux ; viles prostituées
Que ma vieillesse ne pouvait, étant trop blême,

Instruire et détacher des biens charnels : Moi-même,

J’ignorais la saveur des sacrifices lents.
Les sels marins sur mon pelage ruisselant,
Parfumé du limon fertile et d’algues vertes,