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D’oraison, pour bénir les torches de la Paix ;
Le bien-aimé Calvaire et l’olivier épais,
Où peut-être viendront s’agenouiller les files
Des pécheurs convertis ayant quitté leurs îles ;
Tout demeurait latent, tout m’était inconnu :
J’allais sans regarder mon Âme et j’étais nu,
Je voyais.
 


Je voyais. « L’âge vint. L’oiseau de la tempête
Tournoyait bienfaisant au-dessus de ma tête,
Jetant de l’ombre sur mon passé nonchalant,
Et des fleurs à travers le hâle pestilent
De mon cœur insensible au murmure des plages,
De mon cœur encor sourd au bruit des attelages
Traînant au bord des flots les jeunes bataillons.
Ses deux ailes soudain tracèrent deux sillons
Enflammés, et l’oiseau s’abattit sur la côte
Où j’errais, sans songer à cette Pentecôte.
Heureux celui qui frappe aux portes de Damas !
Aussitôt j’ai senti l’annonce des frimas,
Malaise inconscient et vague lassitude
D’un égotisme errant et d’une solitude
Odieuse aux humains, inutile aux vertus