Ikanor est très vieux.
L’automne l’a chassé des climats pluvieux ;
Et malgré ses beaux yeux fermés à la lumière,
Il marche sans fin vers un désir de chaumière,
Au chaume roux, au seuil magique, au lourd plafond,
Étoilé d’infini, tendu d’azur profond,
Où l’Être s’enlinceulle en un tombeau de flammes,
Et sent sur les parois des frissons d’oriflammes,
Souffles avant-coureurs du céleste Orient ;
C’est pourquoi le vieillard avance en souriant.
Chimères de l’errance ! utopique mirage !
Qui montre le soleil et qui cache l’orage....
Sur ses pas chancelants, bel ange sibyllin,
Qu’on croit immatériel sous sa robe de lin,
Marche Dellayra, la fille de ses filles,
Dont le gazouillement fait l’ombre des charmilles
Sur les migrations blanches du pèlerin ;
Dont le baiser a la fraîcheur du tamarin.
Qui dans ses balancers estompe et colorie
Le ruisseau vénérable aux rides de scorie,