Dormez, ô pionniers de la froide redoute !
Les pelles en faisceaux, que votre lèvre goûte
Aux sources du Léthé !
— Ô dormez, vieux enfants, le repos enchanté,
Vous avez préparé la route !
Car, à travers les murs de l’épaisse montagne,
L’âme contemple l’âme et l’ombre s’accompagne
De miroirs babillards,
Comme un sein de mauresque apparaît aux regards
Dans la transparence du pagne.
Et celui-ci sourit à celui-là qui chante :
Le vieil arbre répand la fraîcheur sur la plante,
Qui lui tend son parfum ;
Ils s’aiment par delà le dédale commun.
L’un tremblant, l’autre frissonnante.
À travers les sentiers fleuris de nonchalance
El de génépis verts, ils ont fait alliance.
Ô pacte triomphant !
Concorde hypostatique entre ce double enfant,
L’un en maillot, l’autre en enfance !
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