Et là-bas comme ici, c’est l’ivresse apaisée.
Là-bas c’est la jeune âme, ainsi qu’une épousée,
Espoir des lendemains,
Insouciance d’avenir, qui fuit des mains,
Pour se mirer dans la rosée.
Ici c’est le sommeil des sens sous les étoiles ;
Le doux vent de la mort qui fait gonfler les toiles
De la tente des cieux ;
La prière et le silence religieux
Des barques qui carguent leurs voiles.
Et tandis que rampant sur les rocs de la crête,
Pieds meurtris, cœur brisé, le voyageur halète,
Angoissé du souci
De la descente dans le soir, là comme ici
Nul n’entend souffler de tempête.
Candeur des premiers pas posés sur l’herbe douce,
Sourire au précipice ! Ô première secousse
De l’être sous l’azur !
— Blanche sérénité qui se perd dans l’obscur,
Comme un lac d’argent sous la mousse !
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