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SOUVENIRS

Des soirs ! des soirs ! des soirs !… Âmes de longs baisers
Qu’on sent bien fugitifs et qu’on ne peut plus vivre !
Souffles chauds instillés en aiguilles de givre !
Bouche fanée ! Amour d’une heure ! Espoirs lésés.


— Des cryptes d’autrefois surgissent des fantômes,
Drapés dans leur suaire et dans des linceuls blancs,
Qui s’enviennent errer la nuit sur les étangs,
Où gisent engloutis nos pauvres toits de chaume.


Soirs arrosés de pleurs dans l’alme drap du lit !
Soirs où l’être se fond dans les bises berceuses !
Soirs où saigne le feu dans le cœur des veilleuses !
Lèvres qu’on voit ! rires qu’on sait ! billets qu’on lit !