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sans mot dire aveuglément conduit au bord de ce Luxembourg, afin que mon âme inquiète, au sortir de trop desséchantes méditations, s’y rafraîchit, sous la chanson de la bise, parmi les rameaux dépouillés.


Une entrée exiguë et morne ouvrait sur ces trois pièces disposées à la file. Au milieu, le salon, avec son plafond exténué et ses tentures sans indulgence. Les fauteuils Louis XIII, rangés en demi-cercle, vous inspectaient sévèrement. Les bibelots, épars sur la cheminée recouverte de peluche rouge, n’offraient aucune distraction. Dans un angle, le piano, drapé avec sobriété, ne proposait que du Bach ou du Wagner, c’est-à dire des traités de logique et des poèmes mystiques. L’accueil de la table massive, où dormaient les œuvres de Leibnitz, reliées en veau fauve à coins, et les Principia philosophiae de Descartes, dans l’édition originale d’Amsterdam de 1644, — n’avait rien d’engageant. Dès l’abord, un tapis floconneux captait vos pieds