Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quement coupées par une voie frétillante, allongée soudain comme le coup de poing d’un charretier qui s’étire. Le boulevard Saint-Michel résonne de cris partis on ne sait d’où. Et quand sonnant du timbre à coups redoublés, surgissent, emportés dans la descente, les lourds tramways à vapeur de Montrouge et de Porte d’Ivry, tout trépide, chacun se gare en courant, la main au chapeau.

Des deux trottoirs de la chaussée surgissent des êtres désordonnés, telles les foules vomies pêle-mêle par les portes d’un théâtre. Les uns se hâtent, une serviette sous le bras ; les autres, ceints du béret et la pipe d’un sou dans le coin de la bouche, chantent avec une fille en cheveux de chaque côté ; ceux-ci discutent ; ceux-là proposent des plans de Paris, des lacets, des crayons, ou vous mettent obstinément des papiers dans la main. Vous en verriez qui, affublés d’une houppelande et le chef ceint d’une casquette originale, portent d’énormes écriteaux bariolés et