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en ma présence, mais je ne puis me rappeler l’allure cadencée de Belle, la vieille jument alezan brûlé, qui m’emporta dans le méchant cabriolet de notre fermier, sans voir votre mouchoir s’agiter au-dessus de notre bonheur, en un déchirant adieu.

Aux heures sombres, ce signe de détresse m’a poursuivi comme un reproche. Ce voile blanc, qu’agitait votre bras nu derrière la barrière du parc fermée sur ma fuite, m’appelait comme une toile de salut plantée sur un roc. Je sentais en mon cœur l’amertume de votre sourire. Mais la fausse croyance en ma mission intellectuelle me commandait d’être dur. J’éprouvais une mauvaise volupté à piétiner le jardin de votre âme où j’avais tant joué.

Mad, Mad, qu’il est besoin de volonté pour faire ainsi souffrir !

J’avais une telle conscience de désobéir à ma race, que pour me créer un nouveau repos et puiser dans ma faute une paix nécessaire, je jurai de couper les liens suscep-