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notre esprit et qui retombe aussitôt dans l’ombre du souvenir. Seuls les poètes et les philosophes ont mission de perpétuer, en nos âmes obscures ce feu d’artifice transcendant. Ils illuminent nos méditations de millions de soleils éphémères dont le tourbillon enflammé s’évanouit tout à l’heure, mais dont l’éclat instantané suffit à nous faire entrevoir l’intérieur de notre propre temple. Hors ceux-ci et ceux-là, tout est chimère ; rien n’est que par eux ; l’unité de leurs émotions déchaîne une musique et cette musique fait tourner les sphères. »

Mais pourquoi insister ? Je crois bien que vous ne m’écoutiez pas, m’avez-vous seulement jamais entendu ? Vous vous laissiez gagner par les frémissements émanés de l’ambiance, vous étiez cette atmosphère même, vous sentiez bien plus de choses que n’en peut réfléchir votre raison, vous voyiez plus loin que tout, car le lieu parlait plus fort que mes paroles, et vous songiez :

« Le cœur de mon aimé est là sur l’appui