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lorsque je pénétrais dans l’ombre qui les vêt. Ma meilleure sécurité je la trouvais m’attendant au jardin baigné de lumière. Là j’étais maître de moi comme de l’univers enchanté.

Pourtant, avec les années, je m’enhardis à observer la porte de la tour. Mon regard la dévisageait, telle une personne de qualité dont le visage grave hypnotise. Cette porte m’appelait en silence. Je finis par lui obéir. Dès lors, j’ai consacré tous mes loisirs à explorer les divers greniers. Chacun m’offrait sa joie propre, son idiosyncrasie. Visiter ces cases successives, c’est comme si vous vous promeniez à travers les ventricules de mon cerveau.


Celui-ci à gauche, petit et trapu, se nomme le grenier de l’avoine. On y mettait en réserve le dessert des chevaux. Les rats, et aussi les fouines, le préféraient à tout, et les gros pièges en fer, dont le ressort est si dur qu’on a toujours peur, en les tendant, de se couper les doigts, ne chômaient guère. Les mulots