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une lampe. On pénètre dans la pièce abandonnée. On furette dans les coins, on soulève les meubles, on écarte les rideaux, on frappe contre les boiseries,… rien, et toujours cet horrible bourdonnement, ce clapotis boîteux. On se regarde avec anxiété ; ma gorge refusait ma salive, mon visage devait ressembler à un drap. Enfin mon père a l’idée de déplacer le paravent qui masque la haute cheminée… C’était un pauvre pigeon qui, en tombant, s’était froissé une patte et qui ramait avec désespoir à travers les chenets. Je savais qu’une vieille tante était morte dans cette chambre. Malgré que le jardinier appelé, ait sur le champ été reporter l’oiseau domestique dans son gîte, après l’avoir reconnu pour un de ceux dont le vol blanc neige sur la tourelle, j’ai toujours cru, entre nous, avoir contemplé l’âme inquiète de cette pieuse dame.

Au reste, j’étais trop habitué à vivre au milieu de la vie, à me complaire dans la société d’êtres fictifs, à converser avec les esprits, pour n’être pas la dupe de leurs exigences sinistres,