Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent je prends mes récréations dans un grenier chargé de livres. Un jour viendra, Mad, où franchissant la limite du monde, nous grimperons jusqu’au ciel pour aller jouer l’éternité dans le jardin du Seigneur.

Ma première culotte s’usa au pied de la rampe. Assis sur les plus basses marches, je jouais au cheval. Ce divertissement est, je crois bien, de mon invention. Vous pensez peut-être que j’attelais une chaise renversée ou que je chevauchais un accessoire de sabbat ? Vous oubliez encore une fois le rôle de l’imagination dans mon existence et qu’elle commande tous mes actes. Pour prendre part au plus brillant carrousel quatre cailloux me suffisaient. Je les disposais proprement en carré. Puis j’avançais successivement le premier de droite et le dernier de gauche. Car j’avais observé le pas des chevaux et la marche de leurs jambes qui manœuvrent en diagonale. Ainsi j’ordonnais toute une cavalerie et la faisais évoluer à travers des plaines immenses.