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rythme de la volée. Les bras tiraient sur la corde qui, de rage, les entraînait vers la voûte pour les briser, les jambes gigotaient dans le vide, crispées de peur.

Ce pantin vivant, ce bain d’ondes tièdes, le travail du pilon dans ce mortier agité, le craquement des poutres rondes me plongeaient dans l’hébétude. Je restais accoudé, jouissant d’une exquise torpeur, jusqu’à ce que les sabots aient définitivement reconquis le sol aimé. Le vieux sonneur réapparaissait tout entier sous la voûte, abandonnait la chanteuse au milieu de sa pathétique mélodie. La cloche ralentissait le mouvement, pleurait son propre glas, filait ses dernières notes, coptait, puis retombait épuisée dans son repos. Au loin un chien hurlait à la mort.

Le choix de chaque palier correspondait à la qualité de mes jeux. À mesure que j’avançais dans la vie, je montais quelques marches de cet escalier vétuste et mon pas devenait plus pesant. J’ai gravi pour toujours, il y a quelques années, les derniers degrés. À pré-