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Mais poussons le verrou de cette porte. Voici l’escalier de service aux marches valétudinaires. Combien de fois ne me suis-je pas laissé glisser le long de cette rampe de bois, avant de rouler sur la pente de la vie ! Les jours de pluie, je prenais là mes récréations. En me haussant sur la pointe des pieds jusqu’à la fenêtre du premier palier, j’apercevais le clocher de l’église et, derrière les abat-vent disjoints, la cloche de bronze avec sa langue pendante. Le dimanche matin, un paysan tout cassé, qui remplissait à la fois la charge de bedeau, de chantre et d’enfant de chœur, pénétrait sous le porche, se pendait à une corde, et l’airain se mettait à chanter. Par un court récitatif et d’une voix chevrotante, la cloche annonçait son désir de marteler des sons. Peu à peu elle s’enhardissait, entonnait son antienne, entraînait le clocher dans sa danse, vibrait toute. Je la voyais de mon appui dodeliner sa tête énorme, battre elle-même sa mesure. En bas, les mains et les sabots du sacristain. Ils accompagnaient le