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l’Absolu, ce bain de lumière de mon enfance ! J’ai conscience d’avoir vécu dans le Réel. Je crois bien que je voyais mon âme. J’étais un unique sentiment qui se déroule dans la pure durée. Je ne respirais que du côté du ciel. Quelle faute obscure ai-je commise depuis, pour être condamné à vivre dans le relatif ? Oh ! Madeleine ! je comprends à présent le sens de votre intervention. Vous êtes venue à moi sous la forme de l’ange que j’ai dû être, et voilà que vous allez m’aider à me retrouver. Laissez-moi donc vous précéder jusqu’à mon cabinet de travail, tout au bord du toit, comme un colombier. Venez, venez. Il y a là-haut encore une porte qui ouvre sur l’Infini.


Pénétrons d’abord dans cette cuisine hospitalière. Le temps et la fumée ont donné à ces voûtes un goût de mystère. Par un curieux effet de mimétisme, les carreaux, le bahut, la muraille, l’évier, tout a revêtu une couleur de légende et de pain bis. Ce lieu,