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monde à ma volonté despote ! N’avoir besoin que d’une fleur, d’un clairon, et d’un trou pour égaler le plus fougueux géant et dompter la nature ! J’étais un dieu féroce et très simple, au centre du Paradis terrestre, et qui le peuple au gré de ses désirs ! Un seul regard trop interrogateur de mon père bouleversait mon visage, me tirait les larmes au bord des cils ; mais lorsque personne ne m’observait, lorsque caché par un tuya, je recouvrais l’assurance que la solitude procure aux rêveurs, alors, comme ma chimère animait la terre et le ciel ! Mon prestige découpait l’espace, ce lieu des corps, en autant de forêts enchantées, de monstres biscornus, de fées trop pâles qu’en peut souhaiter un esprit libre.

Pourquoi, hélas ! le vent qui souffle du côté de la vie dissipe-t-il, ainsi que le pollen d’une fleur, la poussière vermeille où se réfractent les premiers rayons d’une aurore puérile ? Que ne puis-je, en vous narrant les accès de mon génie créateur, me replonger dans