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Il n’est pas possible d’exprimer avec des phrases la suave émotion qui m’étreint en ce soir capiteux, mais je crois assez bien la dépeindre en disant que l’état psychologique où nous nous trouvons à cette minute, est très propre aux souvenirs. Je suis sûr que votre chambre, où vous attendez votre dernier sommeil de jeune fille, est pleine de votre enfance, et que ce sont ces chants du passé qui vous tiennent éveillée, plus que l’attente angoissée d’un mystérieux lendemain.

Pour ma part, il me revient du fond de ma mémoire quantité de petits faits insignifiants, dont l’ensemble résume mon existence écoulée, et qui prennent de l’importance à mesure que je les situe à leur place dans la ligne de mes jours.

Je me trouvais en une semblable disposition durant cette après-midi où nous fîmes un pèlerinage à mon cabinet de travail, vous le rappelez-vous ? De chaque lieu visité surgissait un ancien état d’âme, et c’était la