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aurait voulu parler encore, mais, de crainte de noyer son émotion dans une fâcheuse abondance et des développements faciles, il s’arrêta et essuya sur ma joue son visage humide de larmes.

J’atteignais ainsi le sommet d’un bonheur lucide. À ce trésor, offert pieusement par des générations, je devais ajouter quelques brillants et le passer ensuite à d’autres qui viendraient le compléter. Ou mieux, la vie m’apparaissait un accroissement perpétuel, comme une longue chaîne de perfections, attachée solidement selon une méthode sûre à une borne immuable, et se déroulant à l’infini. De cette accumulation successive d’énergies tendues vers une même fin, naîtrait sans doute le surhomme.

Ah ! je pouvais bien tirer de toutes mes forces lyriques sur cette chaîne à jamais scellée dans la pierre de la tradition ! Cet effort en tous sens, constitutif de ma personne, ne faisait que décupler mon originalité et consolider de nouveaux nœuds. Dès