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demeure ne tiendrait pas plus à la terre que notre vie. »

De votre côté vous teniez vos yeux fixés là-bas sur votre grand-père. Celui-ci, en nous apercevant, s’était levé, et nous tendait les bras. Comme poussée par les générations qui sont derrière nous, il a bien fallu que vous vous dégagiez de mon étreinte pour courir vers lui, l’aïeul, et faire plier sa tête sous le collier de vos bras, afin d’amener toute votre race jusqu’à votre bouche. Moi, j’étais plus lent, moins spontané, j’arrivais le dernier.

…On est resté un grand instant sans rien se dire ; chacun souriait de toute son âme épanouie. On pensait tout bas : C’est le jour des fiançailles. Mais personne ne parlait de cela, car ce mot n’avait de sens qu’en notre cœur. Il aurait fallu que des violons invisibles laissassent couler entre les arbres l’air d’amour de Tristan, pour nous exprimer avec quelque vérité.

Le devoir de cette après-midi était que