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fuite, vous n’avez pu blasphémer l’espoir. Mon absence vous parut un peu prolongée, simplement.

On ne m’a ni fêté, ni parlé de cette escapade. Il s’agissait de bien autre chose, puisque j’étais là. En vérité, je n’avais jamais bougé. Une migraine avait dû me garder l’après-midi sur ma chaise longue, et voici qu’à l’appel de la cloche du soir je reprenais ma place à la table de famille.

Mais rien n’a su mettre mon âme à votre diapason, mieux que notre amour partagé par ce qui nous entoure. Il semble que chaque chose de la nature, nos châtaigniers, nos prairies, nos fleurs, le parfum de cette plaine et jusqu’aux gens, tout se soit concerté et uni pour nous précipiter de tout temps l’un vers l’autre.

À mesure que vos yeux m’attiraient davantage et que mon cœur palpitait plus vite entre vos mains, je prenais une plus belle conscience du travail de notre sol. Les paysages d’alentour élevaient leur voix pour me dire :