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Au contact de votre foi j’ai resplendi d’aurore. Voilà bien cette grande supériorité dont je fus d’abord jaloux : vous n’avez jamais douté de rien, ni vous, ni votre grand-père, ni ceux de ce pays. Votre vie est un tissu de certitudes, un écheveau d’évidence qui se déroule. Ici les gens ne palpent que des réalités, — les dauphinois sont des roublards. Un savant ne saurait atteindre à ce positivisme enthousiaste.

Lorsque j’eus dit : « je pars pour Paris », les villageois me regardèrent avec confiance, comme s’il s’agissait d’une excursion en ballon captif. Il était manifeste que j’allais revenir, que je ne pouvais toujours demeurer suspendu entre ciel et terre et qu’il me faudrait bien descendre un jour de ma nacelle.

Mon retour était prévu, chacun l’avait prédit. C’était la chose la plus simple du monde. L’on me vit, en effet, atterrir après trois ans de silence ; il n’y eut d’étonné que l’aéronaute. Même vous, qui en secret pleuriez ma