Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fant prodigue tenait à distance les baisers de la grâce, me défendait tout abandon et de prononcer avec emphase :

« Salut ! champs que j’aimais… >>

Je comptais beaucoup sur le cimetière pour lier mes impressions disparates et me composer une pacifique unité.

Lorsqu’on s’aperçut que les tombes, rangées jadis autour de l’église comme des barques au pied d’un phare, descendaient dans les vignes voisines, et que les squelettes voulaient encore saisir les grappes vermeilles, on pensa enclore dans la vallée un champ pour les morts. Nul ne se hâta de céder un coin de terre florissant à la rapacité des vieux paysans défunts et ne se soucia de voisiner avec des feux follets.

Mon père, au contraire, se montra satisfait que la grande barrière de son parc ouvrit sur le lieu du repos éternel, et que, du haut de notre terrasse, le regard ébloui par la