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vie, abandonnèrent leurs cahiers, sitôt licenciés en philosophie. Les uns ont sombré dans la bohème sous le regrettable prétexte « d’écrire du théâtre ». Les autres se sont lancés dans le vaudeville, cette variété de la bohème. Un ou deux ont déjà goûté le baiser de la Mort. Aucun n’est retourné en arrière. Ah ! quand Paris vous tient ! Ceux-ci trop engagés dans les buissons du journalisme, fonçaient au plus épais des fourrés et demeuraient prisonniers de leurs entraves. Ceux-là par lâcheté se sont laissés caser dans un ministère. Les autres, plus favorisés par le talent et promus au grade d’agrégés, demandaient l’oubli à une thèse de doctorat et ne voulaient pas qu’on leur parlât de là-bas.


Je songe beaucoup au livre de Jules Verne, intitulé De la terre à la lune, lorsque je soupèse mon ancien état d’âme. De modernes Jasons se sont enfermés dans un boulet confortable. Un canon gigantesque leur tend une gueule bourrée de fulminate et les