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mière passionnément voulue. Sous quel soleil s’épanouiront nos intelligences, lorsqu’elles arriveront au jour ?… Car il faut qu’il y ait un soleil. »


— Soudain, il me prenait des envies de courir me mêler à la tourbe bruyante, de changer l’horizon de ma vie par l’intoxication de savants coktails, d’oublier dans des bras indulgents l’amertume des heures de spéculation recueillie.

Les restaurants de nuit où l’on brise son verre, où l’on scande la musique satanique des tziganes du manche de son couteau contre le seau à champagne, où l’on se persuade de la nécessité des actes éphémères, m’offraient de faciles atermoiements. Mais sitôt dans la rue, j’étais pris d’un affreux dégoût à contempler la démarche titubante des noctambules au chapeau disloqué, le rire crapuleux des fards, les offres calmes du vice. Les ampoules électriques des cafés m’éclaboussaient d’une lumière anémique, cerclaient