la conscience, on ne donnait pas à l’esprit le temps de se ressaisir, de se réfracter sur soi-même. On regardait à trop s’examiner, on craignait l’épreuve d’une confession sincère et l’on courait vers son dernier refuge, la bibliothèque, pour se draper à nouveau dans les plis de la pensée et des chères illusions.
L’après-midi entrait par les hautes fenêtres de cette bibliothèque de la Sorbonne, aux fauteuils considérables, posait sa main de lumière sur nos têtes inclinées, nous soufflait une énergie compliquée. On n’avait rien à craindre. On se savait en sûreté, très puissants en face de ces longues tables aux places numérotées. Les livres causaient fort et nous rassemblaient dans une même ardeur. Le livre, c’était pour nous, hélas ! le père et la mère auxquels l’enfant abandonne sa main pour s’endormir dans la sécurité. Malheur si, à son réveil, l’âme puérile ne presse plus que l’obscurité ! Elle criera sa détresse jusqu’à ce que la présence connue ramène le sourire sur des lèvres tremblantes.