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Mais c’est trop de discours ; ranime ton courage,
Suis-moi : je vois d’ici ce magnifique ouvrage,
Ce palais de Pluton, noble rival des cieux,
Et du dieu de Lemnos chef-d’œuvre audacieux.
Voici bientôt la porte où la branche divine
Doit par sa riche offrande apaiser Proserpine ».
Elle dit : et tous deux, par des sentiers obscurs,
Ils poursuivent leur route, et marchent vers ces murs.
Le héros, le premier, touche au bout de sa course,
Se baigne en des flots purs, tout récents de leur source,
Et suspend son hommage au palais de Pluton.
Ils avancent : au lieu de l’ardent Phlégéthon
Et des rocs que roulait son onde impétueuse,
Des vergers odorants l’ombre voluptueuse,
Les prés délicieux et les bocages frais,
Tout dit : voici les lieux de l’éternelle paix !
Ces beaux lieux ont leur ciel, leur soleil, leurs étoile.
Là de plus douces nuits éclaircissent leurs voiles ;
Là pour favoriser ces douces régions,
Vous diriez que le ciel a choisi ses rayons.
Tantôt ce peuple heureux, sur les herbes naissantes,
Exerce, en se jouant, des luttes innocentes ;