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Vain espoir ! Des trois sœurs la plus impitoyable
Est là, levant sa tête, et sa voix effroyable
Leur défend de toucher à ces perfides mets,
Qui les tentent toujours sans les nourrir jamais.
Là sont ceux dont le cœur a pu haïr un frère ;
Ceux dont la main impie ose outrager un père ;
Ceux qui de leurs clients ont abusé la foi ;
Celui qui, possédant, accumulant pour soi,
Aux besoins d’un parent ferme son cœur barbare,
Et seul couve des yeux son opulence avare.
Ce nombre est infini. Vous nommerai-je ceux
Qu’un amour adultère a brûlés de ses feux,
Et ceux qui, se rangeant sous les drapeaux d’un traître,
Désertent lâchement la cause de leur maître ?
Chacun d’eux, dans les fers, attend son châtiment,
Et cette attente horrible est leur premier tourment,
Ne me demandez pas les peines innombrables
Que partage le ciel à tous ces misérables :
A rouler un rocher l’un consume ses jours ;
L’autre, toujours montant, et retombant toujours,
Voyage avec sa roue. Un destin tout contraire
De Thésée a puni l’audace téméraire ;