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Sans doute se flattant, par cette lâcheté,
D’expier envers lui son infidélité.
Que vous dirai-je ? On entre, on fond sur la victime ;
Ulysse les suivait, cet orateur du crime ;
Vous voyez son ouvrage. O toi, qui sais mes maux,
Dieu ! venge l’innocence, et punis mes bourreaux !
Mais vous, fils de Vénus ! quel malheur, quel naufrage,
Ou quel dieu vous conduit sur cet affreux rivage,
Dans ce séjour de deuil, de trouble et de terreur,
Dont le soleil jamais ne vient charmer l’horreur ? »
L’Aurore au teint de rose avançait sa carrière ;
Déjà du temps prescrit fuyait l’heure dernière ;
Tous deux ils s’oubliaient dans ce doux entretien :
« C’est trop, dit la prêtresse au monarque troyen ;
Prince, l’heure s’envole, et vos regrets stériles
Consument un temps cher en larmes inutiles :
Avançons. C’est ici qu’en deux chemins divers
Se sépare, pour nous, la route des enfers.
A gauche des tourments c’est le séjour barbare,
Le séjour des forfaits, l’inflexible Tartare ;
A droite est de Pluton le superbe palais :
Là l’heureux Elysée étale ses attraits,