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Tout honteux, il recule ; et, détournant son front,
De ses mains qu’il n’a plus en veut cacher l’affront.
Le héros effrayé le reconnaît à peine,
Et la voix d’un ami console ainsi sa peine :
« Noble fils de Priam, ah ! parle, réponds-moi,
Quel féroce ennemi s’est acharné sur toi ?
Quel monstre a pu sur toi, signalant sa furie,
A cet excès d’horreur porter sa barbarie ?
Est-ce un tigre ? est-ce un homme ? Hélas !on m’avait dit
Que dans la nuit qui fut notre dernière nuit,
Sanglant et fatigué d’un immense carnage,
Toi-même avais péri dans ce confus ravage.
J’honorai ta mémoire ; et, d’une triste voix,
Auprès d’un vain tombeau je t’appelai trois fois.
Ton nom y vit encor ; mais tes amis fidèles
N’ont pu mêler ta cendre aux cendres paternelles.
Je n’ai pu découvrir tes restes malheureux ! »
Déiphobe répond : « Ami trop généreux,
Tes soins compatissants (pouvais-je plus attendre ?)
Ont honoré mon ombre, ont protégé ma cendre.
Hélas ! c’est mon destin, c’est un monstre odieux,
Hélène, à qui je dois ce traitement affreux :