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Ils déchirent leurs troncs, ils coupent leurs rameaux,
Et du sommet des monts font rouler des ormeaux.
Enée est à leur tête ; il médite en silence ;
Et, plongeant ses regards dans la forêt immense :
« Oh ! dans son vaste sein si ce bois spacieux
Me montrait le rameau que demandent les dieux !
La Sibylle l’annonce ; et ta mort, ô Misène !
Me prouve trop combien sa parole est certaine ;
Et le Destin, toujours trop fécond en douleurs,
Ne m’a jamais en vain annoncé des malheurs ».
Comme il disait ces mots, deux colombes légères,
De la belle Cypris agiles messagères,
S’abattent sur la terre ; et son regard surpris
Reconnaît de Vénus les oiseaux favoris,
Aussitôt il s’écrie : « Oiseaux de Cythérée,
Si vous venez vers moi de la volte éthérée,
Volez ; que votre vol me guide vers ces lieux
Où ma main doit cueillir le rameau précieux :
Et toi, ma mère ! et toi, conduis-moi sur leur trace ».
Le couple alors s’envole, et, d’espace en espace,
Autant que l’œil de loin peut suivre leur essor,
S’élève, redescend, et se relève encor.