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Le héros vers sa flotte enfin porte ses pas,
Choisit des cœurs vaillants et d’intrépides bras ;
Le reste sur les flots, dont le cours les seconde,
Descend et s’abandonne à la pente de l’onde,
Va rejoindre son camp, et redire à son fils
Ce que le roi, le sort et les dieux ont promis.
Enfin pour la jeunesse à Tarchon destinée
Des coursiers sont choisis ; celui que monte Enée
Par une peau de tigre et par ses ongles d’or,
Déjà brillant et fier, se distinguait encor.
  Mais bientôt, consternant la foule épouvantée,
Un bruit s’est répandu, dans l’humble Pallantée,
Que vers les murs toscans marche un gros de soldats :
Les mères, qu’effrayait l’approche des combats,
Au pied des saints autels redoublent leurs prières,
Et, plus près du péril, frémissent d’être mères.
Le roi de ses adieux attendrit le héros,
Le presse sur son sein avec de longs sanglots,
Et, pour un fils qu’il aime, exprimant ses alarmes,
De ses yeux paternels verse un torrent de larmes.
« Ah ! si les dieux, dit-il, me rendaient mon printemps ;
Si j’étais ce guerrier qui, dans les meilleurs temps,