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Par ses ambassadeurs déjà Tarchon lui-même
Vient de m’offrir le sceptre avec le rang suprême ;
Il veut que, capitaine et monarque à la fois,
L’armée et tout l’état se rangent sous mes lois.
Mais il n’en est plus temps, et la glace de l’âge
Envie à mes vieux ans un si noble avantage.
J’eusse envoyé mon fils, si le sang maternel
Ne mettait un obstacle à son droit paternel ;
Mais, au peuple toscan étranger par son père,
Mon fils du sang latin est sorti par sa mère,
Et ce hasard l’exclut d’un rang si glorieux.
Pour vous, qu’à plus d’un titre ont proclamé les dieux,
Vous, de qui la fortune obtint des destinées
Le droit de la naissance et celui des années,
Marchez : puissé-je voir réunis dans vos mains
L’intérêt d’Ilion et celui des Latins !
Ce n’est pas tout : mon fils, dont la tendre jeunesse
Est l’espoir de l’état, celui de ma vieillesse,
Digne appui des Troyens ensemble et des Toscans,
Va quitter mon palais pour voler dans vos camps.
Instruisez aux combats son précoce courage ;
Qu’il en fasse sous vous le noble apprentissage ;
De vos hautes leçons qu’il connaisse le prix :
Savoir vous admirer, c’est avoir