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marteaux et la bruyante enclume :
Là, sans cesse irritant le feu qui la consume,
Des soufflets haletants le vent chassé rugit ;
De coups moins redoublés l’Etna tremblant mugit ;
Et l’air, l’onde et les feux, exercés à tout heure,
Fatiguent de leur bruit la brillante demeure ;
Palais du noir Vulcain, cette île en a le nom :
Là vient du haut des cieux le divin forgeron.
  Dans ce moment Brontès, laborieux cyclope,
Pyracmon aux bras nus, et le nerveux Stérope,
De leurs bruyants travaux faisaient retentir l’air,
Amollissaient le bronze et façonnaient le fer.
Leur diligente main vient d’ébaucher un foudre,
Un des foudres par qui les monts tombent en poudre :
Une part est finie, et l’autre est brute encor.
Le dieu de la tempête, épuisant son trésor,
Du terrible travail a fourni la matière :
Là, joignant l’air, le feu, la nuit et la lumière,
Ils ont mis trois rayons de l’Autan orageux,
Trois de grêle bruyante et de flocons neigeux ;
Ils allaient y mêler la terreur foudroyante,
Le courroux du tonnerre, et sa flamine effrayante,