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infortunés, quel que fût le besoin,
Je n’ai pas voulu prendre un inutile soin ;
Je n’ai point exigé de votre complaisance
Les instruments tardifs d’une vaine défense.
Maintenant d’Ausonie il a touché les ports,
Le roi même des dieux l’a conduit sur ses bords.
Je viens donc près de vous, ô dieu que je révère,
Pour un fils adoré vous supplier en mère :
Qu’une armure pour lui sorte de votre main ;
Que le monde à ce don reconnaisse Vulcain.
L’épouse de Titon, la fille de Nérée,
Ont obtenu de vous l’armure désirée ;
J’ai plus de droits peut-être, et n’ai pas moins d’effroi :
Voyez comme on menace et les Troyens et moi.
Tout s’arme ; mon fils seul sera-t-il sans défense ? »
  Elle dit : et, voyant sa faible résistance,
Elle échauffe son cœur d’un doux embrassement.
Son époux, que séduit son tendre empressement,
De ses premiers désirs sent palpiter son âme ;
Il reconnaît Vénus à l’ardeur qui l’enflamme ;
Et le rapide éclair des amoureux transports
Pénètre chaque veine, et court par tout son corps :