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Tel, si d’un choc soudain l’horrible violence
Du globe tout à coup rompait la voûte immense,
Et dans ses profondeurs découvrait à nos yeux
Le Styx craint des mortels, abhorré par les dieux,
De ce royaume affreux, désolé, lamentable ;
L’œil verrait jusqu’au fond l’abîme redoutable ;
Et, dans l’ombre éternelle envoyant ses clartés,
Le jour éblouirait les morts épouvantés :
Tel, effrayé du jour qui malgré lui l’éclaire,
Le monstre en vain s’agite, et rugit de colère.
De la cime du mont Alcide le combat ;
Tantôt d’un roc brisé lui lance un large éclat,
Et tantôt, à deux mains, d’un arbre entier l’accable.
Alors le monstre, en proie à son bras implacable,
Se ressouvient du dieu qui lui donna le jour :
De son gosier brûlant, dans son hideux séjour,
Il vomit des torrents de flamme et de fumée,
S’entoure tout entier d’une nue enflammée,
Et dans ses noirs cachots, image des enfers,
A leur obscurité mêle d’affreux éclairs.
Alcide furieux ne contient plus sa rage
Il s’élance, il se jette au plus fort du nuage,