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Saisit par leurs longs crins, fait marcher en arrière
Les taureaux, dont les pas marqués en sens contraire
De son infâme vol écartaient le soupçon.
Enfin, las du repos, le fils d’Amphitryon
Se prépare à mener sur de lointains rivages
Ses troupeaux engraissés dans ces beaux pâturages,
Et des taureaux partout les gémissantes voix
De leur adieu plaintif ont fait mugir ces bois.
Alors, de ce brigand trahissant l’artifice,
Du fond de l’antre creux répond une génisse :
Alcide entend ses cris. Aussitôt dans son cœur
Un fiel noir et brûlant allume sa fureur ;
Il s’élance, il saisit sa pesante massue,
Cherche du noir séjour la porte inaperçue.
Alors, les yeux troublés, sans courage, sans voix,
L’affreux Cacus trembla pour la première fois :
Plus prompt que les éclairs, vers ses roches fidèles
Il court, vole ; à ses pieds la peur donne des ailes :
Il fait tomber ce roc que, d’une adroite main,
A des chaînes de fer a suspendu Vulcain,
S’enferme, oppose au dieu cette vaine défense.
Hercule est accouru, respirant la vengeance :