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Là, dans les flancs du mont, bien loin de l’œil du jour,
De l’infâme Cacus fut l’infâme séjour.
Des têtes au front pâle et de sang dégouttantes
A sa porte homicide étaient toujours pendantes ;
Et son antre, du meurtre odieux monument,
D’un carnage nouveau sans cesse était fumant.
Ce monstre horrible à voir, fier de sa taille immense,
Devait au dieu du feu sa funeste naissance ;
Et son gosier brûlant, tel qu’un volcan affreux,
Vomissait par torrents d’intarissables feux.
Un dieu vengeur, un dieu sauva notre patrie.
Revenu des beaux champs de l’antique Ibérie,
Dans ces riches vallons, sur les bords de ces eaux,
Le fils d’Alcmène avait amené ses troupeaux :
Du triple Géryon triomphateur superbe,
Le prix de sa conquête errait en paix sur l’herbe.
Cacus, que ne retient ni crime ni danger,
Dérobe des troupeaux de l’illustre étranger,
Quatre jeunes taureaux, quatre belles génisses,
Qui des herbages frais savouraient les délices,
Les cache en sa caverne ; et cependant sa main,
Pour déguiser aux yeux les traces du larcin,