vins, les mets sont remis sur la table ;
Lui-même il place Enée en un trône d’érable
Que recouvre la peau d’un énorme lion ;
Un lit d’herbe revoit le héros d’Ilion :
Le pontife, suivi du choix de la jeunesse,
Sert le festin sacré. D’une sainte allégresse
Tous les cœurs sont remplis : on charge les buffets
Des trésors de Bacchus, des présents de Cérès ;
La victime, ses chairs, ses entrailles sacrées,
Sur une table immense à leur faim sont livrées.
Le besoin satisfait, le monarque au héros
Adresse la parole, et lui parle en ces mots :
« Ce n’est pas vainement, prince, que notre zèle
Célèbre avec éclat cette pompe annuelle :
L’oubli des dieux anciens, des crédules erreurs,
N’ont point dicté nos vœux ; leur source est dans nos cœurs.
Sauvés d’un grand danger, notre reconnaissance
D’un dieu libérateur honore la puissance.
Voyez-vous dans les airs ces rochers suspendus,
Ces éclats, ces débris au hasard répandus,
De ce mont entr’ouvert l’horreur désordonnée,
Et de son antre affreux la voûte abandonnée ?
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