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Hélas ! parmi les morts, et le fer et les feux,
Tout fier de me courber sous ce poids glorieux,
Et des traits ennemis évitant la poursuite,
A la Grèce en fureur j’échappai par la fuite ;
Et lui, faible et penché sous le fardeau des ans,
Sous un ciel orageux, sur les flot menaçants,
Accompagnant son fils sur des rives lointaines,
Partageait, à la fois, et consolait mes peines.
Son ordre exprès m’envoie à vos sacrés lambris ;
Ayez pitié du père, ayez pitié du fils !
Hécate sur ces lieux vous remit sa puissance,
Ne trahissez donc point ma pieuse espérance.
Orphée a pu jadis, grâce à ses doux accords,
Descendre encor vivant dans l’empire des morts.
Tour à tour revoyant et perdant la lumière,
Pollux aux bords du Styx va remplacer son frère.
Conterai-je Thésée, Alcide, et tous les noms
Des demi-dieux admis dans ces gouffres profonds ?
Comme eux, de Jupiter j’ai reçu la naissance :
Ayant les mêmes droits, j’ai la même espérance ».
Ainsi le fils des dieux, une main sur l’autel,
Demande une faveur au-dessus d’un mortel.