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dit-il, leurs dieux espèrent un asile ;
Déjà, fier des remparts de sa naissante ville,
Leur prince fugitif, usurpateur hardi,
Affermit son état chaque jour agrandi,
Prétend que les destins l’appellent à l’empire ;
Déjà de toutes parts on s’assemble, on conspire ;
Déjà vingt nations s’intéressent pour lui ;
Fier de sa renommée, et sûr de leur appui,
On prévoit ce qu’Enée un jour peut entreprendre ;
Diomède le sait, c’est à lui de l’apprendre
Aux rois de l’Ausonie, au chef des Ardéens :
Sans doute c’est aux Grecs à juger les Troyens.
  Cependant, agité par des projets contraires,
Enée en entretient ses pensers solitaires,
Et, partageant entr’eux ses esprits inquiets,
Roule, prend, abandonne, et reprend ses projets :
Tel, dans l’airain brillant où flotte une eau tremblante,
Le soleil variant sa lumière inconstante,
Croise son jeu mobile et son rapide essor,
Va, vient, monte, descend, et se relève encor,
Et des murs aux lambris rapidement promène
Des reflets vagabonds la lueur incertaine.
  La