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Ces traits de Marcellus sont la brillante image.
— Mais pourquoi sur son front ce lugubre nuage ?
Lui seul à tant d’honneur demeure indifférent.
— Ah ! que demandes-tu ? dit Anchise en pleurant ;
Cette fleur d’une tige en héros si féconde,
Les destins ne feront que la montrer au monde.
Dieux, vous auriez été trop jaloux des Romains,
Si ce don précieux fût resté dans leurs mains !
Pleure, cité de Mars ; pleure, dieu des batailles.
O combien de sanglots suivront ses funérailles !
Et toi, Tibre, combien tu vas rouler de pleurs,
Quand son bûcher récent t’apprendra nos malheurs !
Quel enfant mieux que lui promettait un grand homme ?
Il est l’orgueil de Troie, il l’eût été de Rome.
Quelle antique vertu ! quel respect pour les dieux !
Nul n’eût osé braver son bras victorieux,
Soit qu’une légion eût marché sur sa trace,
Soit que d’un fier coursier il eût guidé l’audace.
Ah ! jeune infortuné, digne d’un sort plus doux,
Si tu peux du Destin vaincre un jour le courroux,
Tu seras Marcellus ! Ah ! souffre que j’arrose
Son tombeau de mes pleurs. Que le lis, que la rose,