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D’autres ombres passaient comme il disait ces mots,
Anchise alors reprend : « Regarde ce héros,
C’est Marcellus : son front paré par la victoire
Domine tout ce peuple orgueilleux de sa gloire ;
Seul des malheurs de Rome il soutient tout le poids ;
Il arrête Annibal, enchaîne les Gaulois,
Présente à Jupiter de ses mains triomphantes
D’un chef des ennemis les dépouilles sanglantes :
C’est lui qui le troisième au monarque des dieux
Offrira de ses mains ces dons victorieux ».
Alors s’offre à leurs yeux un guerrier plein de charmes,
Joignant l’éclat des traits à l’éclat de ses armes :
Tout respire dans lui la grâce et la vertu,
Mais son regard est triste et son front abattu :
« O mon père ! excusez ma vive impatience,
Auprès de Marcellus quel jeune homme s’avance ?
Mon père, est-ce son fils, ou quelqu’un de son sang ?
Que ce nombreux cortège annonce bien son rang !
Entre ces deux guerriers quel air de ressemblance !
Mais seul, parmi ce bruit, il garde le silence ;
La nuit autour de lui jette son crêpe affreux.
— Mon fils, dit le vieillard d’un accent douloureux,