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son corps souffrant éprouvant la langueur,
Est lent à recouvrer sa céleste vigueur.
De ces âmes alors commencent les tortures ;
Les unes dans les eaux vont laver leurs souillures ;
Les autres s’épurer dans les brasiers ardents ;
Et d’autres dans les airs sont le jouet des vents.
Enfin chacun revient, sans remords et sans vice,
De ces bois innocents savourer les délices.
Mais cet heureux séjour a peu de citoyens :
Il faut, pour être admis aux champs élysiens,
Qu’achevant mille fois sa brillante carrière,
Le soleil à leurs vœux ouvre enfin la barrière.
Ce grand cercle achevé, l’épreuve cesse alors.
L’âge ayant effacé tous les vices du corps,
Et du rayon divin purifié les flammes,
Un dieu vers le Léthé conduit toutes ces âmes ;
Elles boivent son onde, et l’oubli de leurs maux
Les engage à rentrer dans des liens nouveaux... »
Il dit ; et, devançant Enée et la prêtresse,
De ce peuple bruyant il a fendu la presse ;
De là gagne un coteau, d’où leurs yeux satisfaits
De ses neveux futurs distinguent tous les traits.
«