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Tantôt, des profondeurs de son horrible gouffre,
De flamme et de fumée, et de cendre et de soufre,
Dans le ciel obscurci lance d’affreux torrents ;
Tantôt, des rocs noircis par ses feux dévorants,
Arrachant les éclats, de ses voûtes tremblantes,
Vomit, en bouillonnant, ses entrailles brûlantes.
On dit que, par la foudre, à demi consumé,
Encelade mugit dans l’abîme enflammé ;
Sur lui du vaste Etna pèse l’énorme masse ;
Chaque fois qu’il s’agite et veut changer de place,
L’Etna sur lui retombe, et d’affreux tremblements
Ebranlent la Sicile et ses sommets fumants.
Toute la nuit, frappés de ce grand phénomène,
Nous nous tenons cachés dans la forêt prochaine,
Ignorant d’où provient cet effroyable bruit.
Dans le ciel ténébreux pas un astre ne luit,
Pas un faible rayon ; et des nuages sombres,
Sur le flambeau des nuits, ont épaissi leurs ombres.
Cependant le jour vient ; et du ciel moins obscur
L’Aurore, en souriant, blanchit déjà l’azur,
Lorsque du fond des bois un spectre à forme humaine,
Maigre, pâle, et vers nous se traînant avec peine,