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Les voilà, dit Anchise ! oui, Troyens, les voilà,
Ces gouffres de Charybde, et ces rocs de Scylla !
Aux rames, mes amis ! fuyons ces bords horribles,
Qu’annonçaient d’Hélénus les oracles terribles !
Palinure à l’instant, en ce péril nouveau,
Vers la gauche a poussé son rapide vaisseau ;
Et, la voile et les vents secondant son audace,
La flotte obéissante a volé sur sa trace.
A la voix de mon père, un effroi courageux
Anime tous les cœurs ; de ces bords orageux
Nous fuyons à l’envi l’éternelle tempête.
Les vagues quelquefois nous portent sur leur faîte,
Nous poussent vers les cieux, et des voûtes des ais
Retombent avec nous au gouffre des enfers.
Trois fois le flot mugit sous la roche profonde ;
Trois fois jusques aux cieux la mer lance son onde.
  Cependant le vent tombe et meurt avec le jour.
Des Cyclopes cruels j’aborde le séjour :
Je l’ignorais. Le port creusé dans ces rivages
Garde un calme profond ; mais par d’autres orages,
L’épouvantable Etna trouble, en grondant, ces lieux,
Bientôt, déploie en l’air des colonnes de feux ;