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Puis d’un voile sacré nous couvrons notre tête,
Et déjà pour Junon notre offrande s’apprête :
Le roi pontife ainsi nous l’avait ordonné.
Ces devoirs accomplis, le signal est donné,
Et les voiles, des vents appelant les haleines,
Tournent sur les longs bras de leur longues antennes.
Nous partons, nous fuyons d’un cours précipité
Ce rivage suspect, par les Grecs habité.
Des bords où devant nous la terre au loin recule,
Tarente offre à nos yeux les murs sacrés d’Hercule.
Junon de Lacinie et son temple fameux
Règnent à l’autre bord sur les flots écumeux.
Bientôt se dégageant des vapeurs qui les couvrent,
De Caulon à nos yeux les remparts se découvrent ;
L’horrible Scylacée, effroi des matelots,
Loin de son triple écueil, nous voit fuir sur les flots.
Tout à coup de l’Etna je vois de loin la cime ;
De la profonde mer j’entends gronder l’abîme ;
J’entends le bruit lointain des rochers écumants,
Et de l’onde en courroux les longs mugissements.
Avec le noir limon de ses grottes profondes
Je vois monter, tomber, et remonter les ondes.
«