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Les astres pâlissaient, l’Aurore matinale
Semait de ses rubis la vie orientale,
Lorsqu’insensiblement un point noir et douteux
De loin paraît, s’élève, et s’agrandit aux yeux.
C’était le Latium. Partout la joie éclate :
« Latium ! Latium ! crie aussitôt Achate ;
Latium ! Latium ! disent nos cris joyeux ».
Tous, d’un commun transport, nous saluons ces lieux.
Anchise prend un vase orné d’une guirlande ;
Et, joignant la prière à sa liquide offrande,
Debout sur le tillac, s’écrie : « O dieu des flots !
Vous, qui leur commandez le trouble et le repos !
Et vous, dieux du rivage ! écoutez ma prière :
Dieux puissants ! nous touchons au bout de la carrière :
Encor un vent propice, encor un souffle heureux. »
Il dit. Un air plus frais favorise nos vœux.
On entrevoit le port ; et, voisin de la nue,
Le temple de Pallas se découvre à la vue.
On abaisse la voile ; on s’approche du bord,
Et le bec des vaisseaux est tourné vers le port.
Creusée à l’orient, son enceinte profonde,
Contre les vents fougueux et les assauts de l’onde,